Lors d’un contrôle, il est apparu qu’une huile moteur non agréée par le motoriste avait été utilisée. À vrai dire, elle figurait autrefois dans la documentation du motoriste sur la liste des huiles autorisées, mais n’y apparaît plus aujourd’hui à la suite d’une révision de l’instruction de service du motoriste. A priori, il est tout à fait plausible que d’autres organismes de maintenance et exploitants emploient encore cette huile non agréée.
FOCA SAND 2022-001
Compte rendu
Analyse technique
L’huile moteur remplit essentiellement quatre fonctions : lubrification, refroidissement, nettoyage et étanchéité (accessoirement, elle joue aussi un rôle dans la modification du pas des hélices et a une fonction de protection). Lorsque le mauvais type d’huile est utilisé ou qu’il manque d’huile dans le circuit, toutes les fonctions ou une partie de celles-ci sont mal assurées, et le moteur risque d’être sérieusement endommagé et de tomber en panne. Une huile inappropriée peut endommager le moteur et ne devrait donc pas être utilisée à moins que l’additif ait été spécialement homologué et testé pour le type de moteur considéré.
L’huile moteur absorbe et évacue les impuretés résultant de la combustion. Les composants de l’huile qui ne résistent pas suffisamment à la chaleur peuvent, lorsqu’ils se mélangent avec les impuretés, endommager ou gripper des éléments tels que les pistons, les segments de piston ou les soupapes d’échappement (liste non exhaustive). Dans le cas des moteurs turbocompressés, les roulements et joints peuvent être endommagés par les dépôts de particule lorsque l’on n’a pas laissé suffisamment de temps au moteur pour se refroidir avant l’arrêt. Des résidus d’huile solides peuvent boucher le circuit d’huile et causer des dommages.
- Outre le temps de refroidissement insuffisant du moteur, l’emploi d’une huile non indiquée et l’inobservation des intervalles de vidange sont des facteurs qui favorisent la survenance de dommages.
- Faire tourner trop longtemps le moteur à une température trop froide et/ou avec un mélange trop riche peut entraîner la présence indésirable d’eau ou de carburant dans l’huile, dont le pouvoir lubrifiant sera de fait réduit.
- Si le moteur ne tourne pas pendant un certain temps, l’eau et les impuretés présentes dans l’huile peuvent provoquer de la corrosion et, par extension, endommager l’aéronef, notamment au niveau des roulements ; les conséquences peuvent être graves.
Le choix de l’huile devrait se baser sur les critères suivants (liste non exhaustive), établis notamment par les motoristes sur la base de tests :
- viscosité à froid correcte et pression d’huile suffisante à haute température ;
- bonne protection contre l’usure ;
- lorsque la circulation de l’huile dans le circuit est mauvaise, cela signifie qu’il y a trop d’huile dans le moteur et pas assez d’huile dans le carter ;
- résistance aux résidus de combustion contenant du plomb qui pénètrent dans l’huile lorsque l’on utilise du carburant AVGAS ;
- résistance de l’huile à la dégradation à haute température. Ce dernier point est particulièrement important pour les moteurs turbocompressés en raison de la calamine susceptible de se déposer sur les sièges de palier et d’étanchéité du turbocompresseur. Les dépôts de calamine (carbonisation) peuvent également s’écailler et obstruer complètement ou partiellement le retour d’huile.
Recommandation de l’OFAC
- N’utiliser que des carburants, additifs, huiles et liquides de refroidissement spécifiés dans le certificat de type de l’avion.
- N’utiliser que les lubrifiants et additifs agréés par le motoriste et mentionnés dans le certificat de type, la manuel d’exploitation (OM), le manuel de vol (AIF) ou l’information de service (SI) du constructeur. Il peut arriver que des fabricants d’huile moteur commercialisent des produits destinés à certains moteurs ou à l’aviation en général, mais qui ne sont en réalité pas agréés par tel ou tel motoriste.
Exemple de certificat de type :
Exemple d’information de service (SI) ou de manuel d’exploitation (OM)
Exemple de publicité d’un fabricant d’huile moteur qui indique que son produit convient à différents types de moteurs d’avion alors qu’il ne figure pas dans la liste des lubrifiants admis (certificat de type ou information de service)
- L’utilisation d’huiles présentant la bonne viscosité mais pas les bonnes spécifications peut s’avérer catastrophique.
- Dans le cas des moteurs turbocompressés, observer la phase de refroidissement et la phase d’arrêt prescrites dans le manuel d’exploitation afin d’éviter la formation de calamine (carbonisation).
- Lorsque l’aéronef fonctionne au carburant sans plomb ou au carburant MOGAS et que la température d’huile moteur est généralement supérieure à 120°C, on utilisera une huile entièrement synthétique de qualité supérieure, agréée par le constructeur.
Dernière modification 17.08.2022